#Expatblues.
Chère Laurence, surtout ne changez rien, gardez votre naturel et votre franchise, votre blog nous ravit et ceux qu'ils ne le pensent pas n'ont qu'à prendre la poudre d'escampette. Si l'on a un peu d'humour, de recul sur l'existence, on comprend vite que "pais de mierda" est une expression que nous disons d'ailleurs aussi bien à la France (nous qui sommes françaises, eh oui, comme vous je suis expat, depuis 17 ans au Panama) qu'à notre pays d'accueil.
L'aventure du début, les découvertes, les surprises, nos réactions (bonnes ou mauvaises,) les anecdotes, je les ai partagées avec joie, car les vôtres me faisaient revivre les miennes écrites et dessinées sur des fax que je distribuais comme vous le faites sur votre blog.
J'ai retrouvé en vous lisant l'enthousiasme de nos débuts, nos rires, nos surprises parfois, nos rencontres plus ou moins drôles, nos chutes dans les trous, les sautes d'électricité qui font griller régulièrement les airs conditionnés, les frigos, l'internet, tout le matériel électrique, puis les coupures pas deux heures comme dit le service mes 6h, 12h à plus, alors là plus la pluie, "les aguaceros", ça finit par vous porter sur le système, on a beau être deux, l'un pleure l'autre rit, un jour par fatigue de lutter encore et encore, un moment, on pose une photo avec ... , ou on lâche " ah pais de mierda!" Sans méchanceté comme on le dit en France dans les queues interminables des douanes pour sortir de l'aéroport, dans les embouteillages, etc.
Nous partons à l'étranger : c'est l'aventure, nous découvrons : c'est drôle et passionnant, puis la vie s'installe : la réalité et le quotidien nous rattrapent, il faut lutter pour que le projet reste une réussite et un plaisir.
Mais ce n'est pas simple de quitter son pays, ça se gagne à la force du poignet et avec persévérance.
On l'a voulu, on l'a fait, on l'a construit, alors pays d'accueil : pardonnez ce mot lâché sans arrière pensée, ce mot qui n'est pas une accusation, juste un moment ou nous prenons conscience de la différence de culture, nos esprits ne sont pas identiques, on traverse des difficultés, on râle, ça : c'est bien français !
Et puis si l'on reste c'est que l'on y croit à cette aventure et à ce pays qui nous a accueille.
Pour conclure, je vous dirais que s'expatrier est un long cheminement !
On te dit : " ah tu es au soleil tu as de la chance, veinarde !" Je réponds : " non ! la chance on la saisit et on l'entretient."
Dans la construction il y a des phases plus ou moins heureuses, et les yeux ouverts sur la réalité en est une (je vous le dis pour l'avoir vécu,) et il indique que vous êtes sur le bon chemin, tenez bon ne changez rien, écrivez quand ça ne va pas, nous partagerons vos déboires comme vos joies.
Je vous dis cela après 17 ans d'expatriation, de travail, de doutes, de rebondissements variés, d'évènements bons et d'autres pas trop sympas. Comme vous, nous sommes partis avec un projet (en l'an 2000,) et puis ce pays peu à peu qui nous avait accueilli est devenu le nôtre. Nous avons travaillé beaucoup, passionnés nous étions, et inconscients surement; quand nous regardons ce qui a été réalisé ces années passées, je crois que cela valait le déplacement !
Bon courage et à très vite, bons baisers du Panama, amicalement.